Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?

Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?
Aux Editions de l'Aube

2 novembre 2010

Pour que Cancun ne soit pas un autre "flopenhague"

Un an après le fiasco de Copenhague, les négociateurs de tous les pays du monde en matière de climat vont se retrouver à Cancun fin novembre. Le débat dépasse de loin la cause des militants environnementalistes : il s’agit d’enjeux géostratégiques qui font s’affronter des blocs-continents.
Le film qui se joue pourrait s’appeler « Le bon, la brute et le truand ». L’Europe joue le rôle du bon : bon élève de la classe (marché européens des quotas de CO2, énergies renouvelables nordiques, nucléaire français, …), mais insuffisamment unie, naïve et maladroite, elle pèse peu devant les autres adversaires.
La Chine endosse le costume de la brute : son développement économique à marche forcée ne doit souffrir d’aucune contrainte (qu’elle soit de nature environnementale ou sociale d’ailleurs). Elle est en guerre commerciale totale contre les Etats-Unis sur les technologies vertes et est engagée dans un affrontement majeur sur l’accès aux terres rares, matériaux indispensables au développement de ces mêmes équipements verts.
Les Etats-Unis tiennent le rôle du truand : plus gros pollueur de la planète, l’américain moyen ne négocie pas son mode de vie, ni ne veut transférer ses technologies, et reste sous influence des lobbies des industries fossiles et de leurs amis politiciens républicains.
Mais il y a un grand absent au casting principal : l’Afrique, continent sacrifié, pays le plus vulnérable au réchauffement climatique et le moins responsable historiquement.
C’est l’Afrique qui souffrira la première, dans sa chair, des non-décisions de Cancun.

Comme tout conflit armé, cette guerre économique fait des blessés et des morts. En matière de climat, la politique du chacun pour soi ne peut être gagnante pour personne : la théorie des jeux (« Je n’avance que si tu avances, et réciproquement »), appliquée à la problématique du bien commun, nous apprend en effet qu’il n’y a que deux scenarios : « Tous ou personne ». On s’en sort tous ensemble ou bien tout le monde coule sur le Titanic, les riches comme les pauvres.

Que peut-on espérer de Cancun, alors que les réunions du G20 n’accouchent régulièrement que de paroles incantatoires et se contentent de laisser pourrir les situations, que les 0,7 % d’aide publique au développement ne sont toujours pas au rendez-vous, que le cycle de Doha est en panne et que l’OMC joue à contre-courant de la lutte contre la pauvreté, que les promesses de Copenhague en matière de fonds climatiques ne sont même pas respectées, et que les objectifs du millénaire ou ceux de la préservation de la biodiversité ne sont pas tenus ?

Comme les grands problèmes d’aujourd’hui (la pauvreté, la faim dans le monde, les maladies) ont plus de poids que ceux de demain, il nous faut prioriser les solutions qui jouent sur les deux échelles de temps. Le changement climatique ne peut plus être traité, par des bureaucrates, comme une question autonome, mais il doit être relié aux problématiques du développement, de la lutte contre la pauvreté et de l’aide pour le développement des pays pauvres (notamment via leur agriculture).
Les Etats ont su trouver des centaines de milliards de dollars pour sauver les banques privées. Qu’on ne nous dise pas qu’ils ne peuvent rassembler la première centaine de milliards, promise par Copenhague, nécessaire aux fonds de développement et d’aide à l’adaptation des pays pauvres, qui seront les premiers frappés par l’aggravation des dérèglements climatiques

Les peuples ne veulent pas de la guerre économique, la vie serait douce si l’on ne nous forçait pas à lutter les uns contre les autres. Forçons nos dirigeants à gouverner enfin dans le sens du bien commun, de l’équité et de la solidarité avec les défavorisés.

1 commentaire:

Citizen Brain a dit…

Malheureusement, il n'y a pas plus grand-chose à attendre de Cancún. Plus personne n'y croit, même l'Europe ne se fait plus d'illusion : http://www.citizenbrain.eu/2010/10/climat-conseil-europeen-octobre-2010/