Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?

Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?
Aux Editions de l'Aube

8 décembre 2006

Pour une compétitivité des entreprises par la Qualité

Tout le monde connaît les principaux moteurs de l’amélioration de la compétitivité de l’industrie française : des investissements de R&D en hautes technologies plus importants, mieux ciblés et mieux coordonnés entre le public et le privé, plus de flexibilité sur les marchés du travail et moins de bureaucratie, des formations universitaires véritablement en phase avec les besoins du monde moderne,… Et surtout, compte tenu de l’arrivée à maturité d’une grande partie de nos marchés domestiques, la capacité à exporter nos productions, nos prestations et nos savoir-faire vers les nouveaux territoires à l’Est du globe. Cela passe essentiellement par la maîtrise de la qualité de nos produits et services. Car, compte tenu du réservoir inépuisable de main d’œuvre et de la différence de niveaux de vie des nouveaux géants que sont la Chine et l’Inde, la recherche d’une compétitivité par les coûts avec sa spirale infernale (bas coûts – bas salaires) serait suicidaire.
Toute démarche Qualité s’articule autour de deux axes principaux : la maîtrise et l’optimisation des grands processus-métiers de l’entreprise et l’écoute structurée de ses clients afin d’optimiser leur satisfaction.
Les démarches processus sont encore trop peu diffusées dans les entreprises françaises, aux organigrammes trop souvent cloisonnés (production, marketing, commercial, informatique, RH,…) et générateurs de dépenses d’énergie considérables aux interfaces, chaque silo préservant son pré-carré au détriment de l’intérêt du client final. Dans un contexte de spécialisation accrue et d’outsourcing des services supports, l’allongement et la désagrégation des chaînes de valeur rendent d’autant plus cruciale la maîtrise industrielle des processus clés. Les coûts de la non-qualité, qui sont souvent cachés et que l’entreprise sait mal mesurer, peuvent apporter jusqu’à 20 % de réserve de compétitivité.

Sur l’axe du relationnel client, beaucoup reste aussi à faire. Qui n’a pas été saisi par la médiocre qualité de service d’un certain nombre de plate-formes téléphoniques de service-après-vente, souvent externalisées et gérées de manière hyper-productiviste ? Bien qu’étant le pays le plus visité au monde, la France présente des marges de progrès en matière d’accueil, d’amabilité et d’esprit de service. Tout voyageur ou touriste peut constater le syndrome français du « chauffeur de taxi parisien », alors que servir le client devrait être considéré comme un honneur et un plaisir.

La formidable pression court-termiste à la baisse des coûts finit par peser dangereusement sur la qualité des produits et services. Les récents rappels de produits (automobiles, batteries, photocopieurs, micro-ordinateurs,...) constituent-ils un signal faible d'un risque de baisse généralisée de la qualité manufacturée ? La mondialisation nous conduit-elle vers un monde low cost où les produits dysfonctionnent et deviendraient tout aussi jetables que les employés qui les fabriquent ?

Nous ne pouvons que sortir par le haut et les réponses ne résident pas seulement dans le discours un peu tarte-à-la-crème sur l’innovation. Encore faut-il que l’innovation soit gérée comme un processus, c’est-à-dire avec les méthodes, les outils et les systèmes de management intégré des démarches Qualité, dont la gouvernance des pôles de compétitivité, par exemple, ferait bien de s’inspirer.
Les pouvoirs publics doivent encourager les entreprises à rejoindre, au sein de réseaux collaboratifs, la dynamique d’un mouvement français pour la Qualité, dont la flamme avait quelque peu décliné depuis les années 80. Pourquoi ne pas inciter financièrement ou fiscalement les PME à se faire certifier ISO ou à investir dans des programmes de formation à la Qualité ?
Plus qu’un enjeu de compétitivité motivant et fédérateur, la Qualité est la condition de survie de l’industrie et des services en France, c’est un véritable enjeu de société.

19 septembre 2006

Les apports des sciences et des technologies au développement durable

Il y a trois leviers principaux pour agir dans le sens du développement durable :
- l’action de la puissance publique : réglementation et fiscalité (avec son symétrique, la subvention), politiques d’aménagement du territoire, d’achats publics, politiques industrielles, de transport, de formation, de santé…
- les comportements des individus et des collectivités (principalement les entreprises)
- les sciences et technologies

De mon point de vue, ces trois leviers jouent à peu près à part égale.
Ils ne sont d’ailleurs pas indépendants, mais interagissent deux à deux (exemple de la recherche publique qui concourt à l’innovation technologique, exemple de l’acceptation par les citoyens du changement induit par les nouvelles technologies). Il est donc difficile d’isoler l’apport des sciences et technologies en dehors du contexte politique, culturel, social et économique dans lequel on se place. J’essayerai néanmoins de dégager quelques invariants en dressant un inventaire (non exhaustif) des principales technologies contributives à un développement soutenable, sachant que l’ensemble des disciplines scientifiques est concerné (c’est ce qui fait la difficulté du sujet), y compris la recherche fondamentale (une étude du MEFI de fin 2003 recense pas moins de 113 technologies de l’environnement).

Le rôle des technologies est d’ailleurs paradoxal : ce sont les technologies elles-mêmes, au service des activités humaines et de la mondialisation, qui sont en partie à l’origine de la question du développement durable (cf. l’accroissement des émissions de GES, qui est d’origine anthropique, les multiples atteintes de l’industrie à l’environnement naturel et la multiplicité des risques d’origine technologique). Sauront-elles résoudre les problèmes qu’elles ont créés ?

N’oublions pas pour autant de rappeler leur impact positif indirect : les technologies augmentent la productivité du travail (et la durée de la vie), qui est le principal facteur explicatif de la croissance et sans croissance économique, pas de développement durable.

Les domaines où leur apport est le plus fort sont bien évidemment l’environnement et le domaine socio-sanitaire, que l’on peut aborder :
- tant par les risques : risques climatiques dus à l’accroissement des émissions de GES (assurément l’un des plus grands risques), questions de sécurité (pollutions, sécurité alimentaire, …) et de destructions irréversibles (atteinte à la biodiversité notamment)
- que par les opportunités, pour lutter contre la pauvreté (problème N°1 de la planète), avec son cortège de corollaires : la faim, la mortalité (particulièrement la mortalité infantile), les maladies, l’accès à l’eau et l’insalubrité, l’insécurité, les inégalités, les guerres, la perte de la dignité, …

Il convient de distinguer deux grandes familles de technologies :

- d’une part, les techniques de production visant à diminuer les impacts environnementaux, que ce soit dans l’exploitation des ressources naturelles ou dans les procédés intermédiaires, tout au long des chaînes de valeur ajoutée, où l’ingénieur devra intégrer des contraintes supplémentaires, dans la résolution de ses équations multidimensionnelles visant à optimiser les performances, ou bien inventer des modes de production totalement nouveaux

- d’autre part, compte tenu de l’importance du patrimoine existant, les technologies de réparation et de réhabilitation : restauration du paysage, des écosystèmes, (particulièrement les milieux boisés), de la fertilité des sols, recharge des nappes phréatiques, réhabilitation des logements, requalification des quartiers sinistrés, guérisons des corps atteints par les nouvelles pandémies… autant de domaines variés et nouveaux où nos savoir-faire sont encore très jeunes

Les principaux domaines d’application de ces technologies sont au nombre de six :

- l’énergie et les ressources naturelles
- corollairement, les transports
- ainsi que l’habitat
- l’agriculture
- la santé
- les déchets

L’énergie et les ressources naturelles

C’est le secteur principal, très capitalistique et où les impacts sont à très long terme et pourtant l’effort de recherche y est insuffisant (1 à 2 % du CA seulement en Europe, bien moins qu’aux USA) par rapport à d’autres secteurs comme l’informatique.
L’enjeu est double : améliorer l’efficacité énergétique globale et réduire la dépendance aux énergies fossiles, émettrices de GES et non renouvelables.

Cependant, compte tenu du poids des énergies fossiles (qui représentent 80 % de la consommation mondiale), il convient de ne pas négliger de poursuivre l’amélioration des technologies de prospection et d’exploitation, de s’intéresser aussi aux nouvelles sources comme les huiles de schistes bitumeux et d’investir dans les technologies aval comme celle de la transformation du gaz naturel en combustible de substitution à l’essence (Gaz to liquid).
En contrepartie de l’effet d’accroissement des émissions de GES, on doit étudier les technologies de séquestration du carbone dans des formations géologiques de grande profondeur ou par minéralisation à l’état solide.

S’agissant du nucléaire, il y a deux axes de progrès principaux :
- d’une part, les technologies de production, avec l’EPR d’abord, puis le nucléaire de 4° génération (nouveau réacteur de fission nucléaire) et enfin, à plus long terme, la fusion thermonucléaire contrôlée (qui permet de se passer de l’uranium) avec les projets de type ITER
- d’autre part, les technologies de stockage des déchets

Concernant les énergies renouvelables, l’enjeu est d’améliorer leur compétitivité économique afin qu’elles sortent de leur marché de niche (l’effort français est d’ailleurs en dessous de celui de ses voisins européens).
Les technologies du solaire sont porteuses, essentiellement le photovoltaïque (procédés à base de films minces sur substrats verre ou acier, puis à plus long terme, matériaux polymères de troisième génération aux rendements de conversion supérieurs), qui présente un potentiel théorique considérable (la surface totale des toitures françaises est évaluée à 10 000 km2). Il faudra aussi s’intéresser, pour après-demain, aux tours solaires et stations solaires orbitales.

La géothermie des roches fracturées (rechercher la réduction des coûts de forage) est également prometteuse.

L’éolien, principale énergie renouvelable dont on pourrait attendre un développement significatif à court terme en France, devrait bénéficier d’apports significatifs des technologies de pointe de l’aéronautique et de l’électronique de puissance.

La biomasse, par son potentiel théorique (le quart de la consommation énergétique française), mérite aussi des investissements technologiques. En outre, participant au cycle du carbone, elle n’induit pas d’effet de serre. Les rendements de la bioélectricité pourraient être multipliés par deux par la mise au point des techniques de gazéification. La production de biocarburants à partir de biomasse lignocellulosique (forestière ou cultivée) par voie thermochimique (gaz de synthèse pour production de carburants liquides) ou biologique (fermentation alcoolique) permettrait d’accroître aussi les rendements. Autre exemple, la technique de production du charbon biomasse ou charbon vert, obtenu à partir de déchet végétal et non de bois, qu’il serait utile de fiabiliser au profit des pays en développement.

Les technologies de l’hydraulique classique sont assez bien maîtrisées, on peut néanmoins citer deux pistes de progrès potentiel, parmi d’autres : l’amélioration technique de la petite hydraulique (très utile aux pays en développement) et l’exploitation de la houle et des courants marins.

L’économie de l’hydrogène constitue un pan entier d’exploration prometteuse, y compris sur sa partie aval, par développement d’un réseau pour alimenter les piles à combustible mobiles ou fixes.

S’agissant de l’eau, l’enjeu est de mettre au point des technologies industrielles moins consommatrices d’eau et des technologies de recyclage de l’eau grâce à des procédés de filtration sophistiqués et des processus de production en boucle fermée. Par ailleurs, la désalinisation de l’eau de mer (notamment via l’énergie nucléaire) reste un important défi technologique.

Enfin, l’effort devra porter sur les techniques de stockage de l’énergie ainsi que sur la mise en œuvre de réseaux électriques intelligents, capables d’adapter l’offre et la demande.

De façon générale, les solutions passent souvent par l’association de plusieurs technologies énergétiques.

Les transports (1° poste d’émission de GES avec 25 % au niveau mondial et 27 % de la consommation énergétique)

Là aussi, avant d’améliorer, il faut réduire.
La réduction des déplacements privés et professionnels passe par la diffusion des technologies existantes (TIC), le développement de l’e-commerce, du télétravail, du e-learning, du haut débit (avec ou sans fil), qui permet la visiophonie / visioconférence.
Les technologies doivent rendre les automobiles plus légères et moins consommatrices. La problématique est de trouver les solutions de propulsion les plus performantes parmi un éventail assez large : moteurs électriques, hybrides, GPL, GNV, biocarburants, pile à combustible.

L’habitat (1° poste de consommation d’énergie)

Au-delà de l’optimisation des coûts des immeubles à Haute Qualité Environnementale, la cible est de savoir concevoir et fabriquer efficacement des bâtiments à énergie positive (notamment par intégration des énergies renouvelables : solaire photovoltaïque, bois et géothermie). Mais les plus gros gisements d’économie d’énergie résident aujourd’hui dans les techniques de réhabilitation.

L’agriculture

Même si l’apport des nouvelles technologies agricoles doit être tourné vers la lutte contre la malnutrition dans les pays en développement, le recours intensif à de la haute technologie pour augmenter les productions doit être surveillé (l’Union Européenne a bien fait d’interdire l’usage des hormones de croissance pour le bétail) et l’amélioration des techniques de traçabilité doit être poursuivi.
Mais l’enjeu est surtout de privilégier la qualité, pour laquelle l’adoption des pratiques agricoles durables est indispensable. L’agronomie doit devenir une véritable ingénierie écologique. Cette transformation passe par l’alliance entre :
- d’une part, le développement des nouvelles techniques agronomiques qui étudient les interactions complexes entre tous les éléments des écosystèmes ; les apports de la technologie concernent aussi la gestion fine des entrants agricoles : apporter engrais et produits phytosanitaires en bonne quantité et au bon endroit, sans gaspillage, sans pollution par lessivage et percolation des excès
- d’autre part, la mise en œuvre de pratiques agricoles biologiques, souvent ancestrales, que ce soit en matière de prévention de l’érosion de sols (cultures traditionnelles en terrasse), de l’appauvrissement des nutriments (rotations des cultures), d’élevage biologique (libre parcours), ou d’utilisation de l’eau (exemple de l’irrigation au goutte-à-goutte combinée avec les nouvelles techniques de détection de l’humidité des sols), etc…
L’agriculture, acteur de la gestion des milieux naturels, a besoin du développement des sciences impliquées dans la conservation de la biodiversité.

La santé

Au-delà du traitement des maladies de l’environnement elles-mêmes (amiante, saturnisme, légionellose, asthme, etc….) pour lequel notre courbe d’expérience est encore jeune, il n’est point besoin de démontrer l’apport de la recherche médicale et pharmaceutique, de la recherche clinique et biologique dans la lutte contre toutes les maladies infectieuses (qu’elles soient virales, bactériennes ou parasitaires), les maladies génétiques et les grandes pandémies (comme le SIDA).
Cette lutte a évidemment besoin des progrès de l’ingénierie génétique, des biotechnologies et des nanotechnologies.

La génétique et le travail sur les cellules souches promettent le meilleur comme le pire ; leur apport au développement durable et au bien-être de l’humanité en général est conditionné par l’instauration et le respect de protocoles de tests stricts et rigoureux, un contrôle éthique via l’utilisation raisonnée du principe de précaution - désormais inscrit dans notre Constitution - et des processus de décisions démocratiquement validés.

Les déchets (5 Milliards de tonnes pour les 25 pays de l’OCDE)

Les technologies doivent ici apporter leur concours sur chacun des trois volets : Réduire, Réutiliser, Recycler.
Il s’agit d’abord de limiter la production de déchets ultimes et de les stocker de façon « inoffensive » et réversible ; la notion de déchet ultime évolue en effet avec les progrès technologiques, d’où l’intérêt de la réversibilité (on recyclera peut-être demain les déchets ultimes d’aujourd’hui).
La réduction de l’usage du papier par exemple (multiplié par 10 en France sur les 10 dernières années) s’appuiera sur le développement de la communication électronique et les moyens de lecture sans papier (e-book) ou l’amélioration des techniques d’impression ou de photocopies recto verso.

Les technologies de recyclage doivent augmenter leur efficacité économique afin de couper le cercle vicieux volumes faibles / coûts importants (exemples : baisser les coûts des techniques de désencrage et de blanchiment ; décentraliser les usines de recyclage afin de diminuer les coûts de transport, ..).
Il faut aussi développer des technologies propres de traitement des déchets et des systèmes de réutilisation de la matière et de l’énergie issues du traitement des déchets (par incinération, gazéification, méthanisation ou compostage).
Plus largement, l’effet de levier sera encore supérieur si l’on arrive à mettre au point des chaînes intersectorielles et interentreprises de réutilisation de déchets respectifs.


Au-delà de ces six domaines principaux, bien d’autres secteurs de l’industrie ont besoin des apports des technologies pour se développer durablement et la plupart des procédés industriels sont concernés, ne serait-ce que sous l’aspect de la sécurité afin de prévenir les accidents technologiques et industriels.
Citons particulièrement tout le volet de l’éco-conception, qu’il s’agisse de mobiliers, de fabrication de vêtements (exemple : utilisation de textiles issus de plastiques recyclés) ou des appareils ménagers bruns et blancs, par la diminution de leur consommation électrique (le potentiel d’économie des cool appliances est de l’ordre de 20 %).

Pour les deux autres composants du développement durable, le piler économique et le piler social, ce sont les sciences politiques, humaines, morales, économiques et sociales qui doivent être mises à contribution, mais de manière coordonnée, de façon à appréhender une vision globale du monde, de ses enjeux et des solutions pour infléchir la route de nos sociétés vers un développement plus soutenable.


Quelles sont les principales conditions de succès pour que l’apport de ces sciences et technologies se réalise rapidement ?
Au-delà de l’action simultanée sur les deux autres leviers cités précédemment, l’intervention de l’Etat (sous forme de réglementations et d’incitations financières, négatives ou positives, afin de vaincre les lobbies installés et les réticences au changement) et les évolutions des comportements, on peut citer une douzaine de facteurs plus spécifiques :

- réduire la fracture numérique et élargir l’accès aux connaissances techniques et scientifiques au plus grand nombre
- par là même, assurer une meilleure diffusion de l’information sur le développement durable
- développer la formation en instaurant des véritables filières des technologies de l’environnement
- malgré les contraintes budgétaires (et le Pacte de stabilité en Europe), réallouer significativement les moyens au profit de la recherche (2,2 % du PIB en France, ce qui est en dessous de la médiane des autres pays développés) et favoriser les programmes internationaux de R&D (surtout interdisciplinaires), sans oublier d’y associer les pays du Sud ; renforcer la coopération au sein de la recherche, entre les différents organismes, agences et laboratoires d’une part, et entre le monde de la recherche et la société civile, d’autre part ; inciter à la multiplication des brevets (220 brevets par million d’habitants en France, ce qui est inférieur à la moyenne de l’Union Européenne)
- plus globalement, promouvoir l’interdisciplinarité en développant des outils d’intégration des disciplines via leur mise en réseau ; compte tenu de l’extrême imbrication des problèmes, l’enjeu est de limiter les cloisonnements des spécialités et le travail en silo et d’inventer des nouveaux modes de coopération entre spécialistes grâce à l’intervention transversale de généralistes éclairés
- définir et diffuser des normes, standards et référentiels, ainsi que des indicateurs pertinents, sans lesquels les progrès ne pourront pas être mesurés
- stimuler les transferts de technologies et de savoir-faire entre le Nord et le Sud
- apprendre à intégrer dans l’analyse des systèmes économiques le coût de leurs externalités négatives
- développer une approche intégrée de l’analyse financière et extra-financière des entreprises
- développer la science de la prospective
- donner des moyens de calculs massifs pour les modélisations mathématiques des systèmes complexes (exemple des prévisions climatiques)
- stimuler le secteur bancaire pour le financement du développement des nouvelles technologies (via le capital-risque notamment, deux fois moindre en Europe qu’aux USA) et des projets qui les mettent en œuvre ; son rôle est aussi important pour assurer les investisseurs et les opérateurs des différents marchés et bourses de l’énergie contre des variations de prix erratiques, via leur créativité dans l’ingénierie des opérations de marché ; de même, lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité et la liquidité des nouveaux marchés de quotas ou de certificats


Les retards pris dans la stratégie de Lisbonne, qui était censée faire de l’Union Européenne « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici 2010 », sont extrêmement préoccupants.
L’économie du virtuel et de l’immatériel, dans laquelle les pays développés sont rentrés, ne doit pas nous faire oublier le monde réel - avec son secteur primaire - et que nous évoluons dans un espace fini où les ressources sont limitées.

En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement durable avait proposé de « réorienter la technologie, lien essentiel entre les hommes et la nature » en privilégiant les technologies tenant compte des facteurs environnementaux et celles produisant des biens sociaux. Désormais, l’article 9 de la Charte de l’environnement stipule que « la recherche et l’innovation doivent apporter leurs concours à la préservation et à la mise en valeur de l’environnement ». Hier, les sciences et technologies étaient des potentialités, aujourd’hui elles sont en devoir.

9 septembre 2006

Vers plus de fiscalité "verte" positive ?

Le considérable problème du changement climatique étant désormais reconnu et diagnostiqué par quasiment tous les experts, l’impératif de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre tout en continuant de développer durablement nos économies n’échappe plus aux acteurs responsables.
Il y a trois leviers principaux à actionner vigoureusement, sans plus tarder, pour éviter la catastrophe à nos petits-enfants : l’apport de l’innovation et des nouvelles technologies - levier sans doute le plus puissant - le changement des comportements des individus et organisations, et l’action de la puissance publique.
Comme les changements d’habitudes de consommation et de production ne seront jamais spontanés et massifs, et que les problématiques sont globales, complexes et imbriquées, avec, partout, des phénomènes d’œuf et de poule entre l’offre et la demande, le troisième levier - l’incitation par les Pouvoirs publics - nous semble indispensable pour donner les bons signaux aux marchés.

Les Etats peuvent agir dans plusieurs directions. D’abord, via leurs politiques industrielles, énergétiques, agricoles, de santé, etc…, tant au plan national qu’européen, ils peuvent orienter les efforts de R&D et les investissements vers les éco-technologies. Bien sûr, ils peuvent aussi réglementer, citons par exemple les réglementations sur les performances énergétiques, qui se durcissent tous les 5 ans. Ils peuvent en outre créer les conditions d’émergence de nouveaux marchés ; c’est typiquement le cas avec le Protocole de Kyoto - premier pas louable - qui a généré la construction des marchés de la financiarisation du carbone et donné un prix de marché à une externalité. Ce pourrait être aussi le cas demain avec les certificats blancs d’économie d’énergie.

Leur dernière arme reste la fiscalité, qu’elle soit négative ou positive (crédits d’impôts,…). De tout temps, la fiscalité a stimulé les comportements et notamment ceux des acteurs financiers. Un grand pan de l’architecture du système de collecte de l’épargne en France repose sur l’incitation fiscale : l’assurance-vie serait-elle le produit financier préféré des français sans ses avantages fiscaux ? idem pour le PEA et bien d’autres placements. L’Etat sait orienter les flux d’argent vers des finalités macro-économiques et en faveur d’équilibres collectifs : les retraites, le logement social, l’actionnariat des entreprises françaises, l’innovation, etc. Pourquoi ne le ferait-il pas aussi au profit de l’environnement puisqu’il s’agit d’un bien commun ?

Certes, des mécanismes de crédits d’impôts sont déjà en place, notamment pour les particuliers qui entreprennent des travaux de rénovation, s’équipent en nouveaux appareils de chauffage qui réduisent leur consommation d’énergie ou recourent aux énergies renouvelables, mais ils sont encore trop peu connus et insuffisamment utilisés compte tenu de la quasi-absence de filières professionnelles d’installateurs dûment agréés.
D’autres mécanismes existent, comme la Taxe sur les Véhicules de Société, qui est désormais calculée selon le taux d’émission de CO2 par kilomètre. Ou bien par exemple l’exonération de la taxe foncière pour certains bâtiments neufs utilisant des énergies renouvelables. Les biocarburants bénéficient aussi d’une certaine défiscalisation, etc...

Mais l’Etat pourrait agir aussi sur les deux grandes familles de produits financiers : les placements d’une part et les financements de l’autre.
Parmi les placements, considérons d’abord l’épargne des ménages dite ‘bilantielle’, détenue sous forme de comptes, livrets ou Plans (elle s’élève à près de 900 Milliards EUR en France). La gamme est encombrée de multiples produits historiques et catégoriels : Livrets A, B, Bleus, Codevi (créé il y a plus de vingt ans pour relancer l’industrie en France…), Livret d’Epargne Populaire, Livret Jeune, etc…(on a même connu le Livret d’Epargne pour les Travailleurs Manuels !). Le moment ne serait-il pas venu de procéder à une simplification et une harmonisation de la réglementation (en gardant l’objectif de procurer aux banques des ressources longues et stables dont elles ont besoin pour leur politique de gestion d’actif-passif, compte tenu du succès de l’assurance-vie) ? Et d’en profiter pour y introduire une certaine dose de défiscalisation des intérêts pour une certaine masse d’épargne ‘verte’ qui permettrait des financements de la même couleur, pour des équipements labellisés contribuant à la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de GES ? Ces prêts verts adossés seraient bonifiés par l’Etat ou bien à intérêts déductibles fiscalement.
Sans attendre le grand soir où l’architecture du système fiscal dans son ensemble serait redéployée plus clairement vers le bien collectif et les grandes priorités de la société et de la planète, pourrait-on arriver à ‘verdir’ de façon simple un produit existant ? Ce type de produits fonctionne d’ailleurs déjà efficacement aux Pays-Bas.

S’agissant ensuite de la gamme des OPCVM, pourquoi ne pas imaginer que les plus-values réalisées sur des fonds investis dans des valeurs ‘vertes’ (sociétés oeuvrant pour l’environnement, industries des énergies renouvelables,..) seraient exonérées de prélèvements fiscaux, pour autant que la labellisation des sociétés concernées soit bien sûr incontestable ?

Enfin, concernant le volet des financements, pourquoi ne pas appliquer aussi le mécanisme de déduction fiscale des intérêts des prêts, que Bercy connaît bien, sur les crédits-auto pour les véhicules rejetant moins de 120 grammes de CO2 par kilomètre par exemple ?

Bien d’autres dispositifs peuvent s’imaginer, pourvu qu’ils soient simples à mettre en oeuvre. En tout état de cause, le manque à gagner fiscal serait limité et même compensable - à enveloppe constante - par la suppression de quelques unes des multiples niches d’intérêt corporatiste qui encombrent le paysage actuel. Mais en tout cas, bien inférieur au coût des tonnes de CO2 évitées, actualisé sur de nombreuses années et calculé au prix d’un marché vraisemblablement haussier sur le long terme, malgré d’inévitables trous d’air de jeunesse.

Mais, surtout, un signal clair serait donné. L’écart entre les grandes déclarations (depuis le fameux « La maison brûle et nous regardons ailleurs ») et la réalité des actes devient insupportable pour un nombre croissant de nos concitoyens. Il n’est que temps d’accélérer l’action pour rejoindre la trajectoire du fameux ‘Facteur 4’. Que l’Etat montre l’exemple en ciblant ses incitations fiscales sur les secteurs du bâtiment et du transport routier, qui représentent environ 45 % des émissions de gaz à effet de serre. Les banques sauront alors pousser vers leurs clients les produits fiscalement verts et mettre ainsi la force de leurs réseaux de distribution au service d’un développement soutenable.

Pourquoi les entreprises doivent s'engager davantage dans le développement durable

Il est probable que les enjeux du développement durable seront l’un des thèmes du débat pour les prochaines échéances électorales françaises. Or, force est de constater les accès de faiblesse des Etats et des institutions : baisse de crédibilité des hommes politiques dans l’opinion, gestion souvent impécunieuse des deniers publics (dettes et déficits reportent les problèmes sur les générations à venir), difficultés de coopérations entre Etats, dysfonctionnements de la régulation mondiale (rejet du référendum européen, échec du cycle de Doha, reculs du multilatéralisme, interrogations sur les institutions de Bretton Woods, critiques contre les ratés de la machine à redistribuer les richesses,...). Dans ces conditions, les entreprises et particulièrement les grandes entreprises internationales, porteuses de la puissante mondialisation, apparaissent désormais comme les rares acteurs capables d’avoir un impact sur le cours des choses. Même si ce n’est pas la finalité de l’entreprise de résoudre tous les maux de la terre et si la responsabilité première incombe aux Etats et aux organismes de régulation, les entreprises, dont les pouvoirs, les profits, les capacités d’actions et d’influences sont croissants, sont désormais en devoir vis-à-vis des problématiques de progrès, qu’elles soient macro-économiques ou bien locales. Plus on a de pouvoir, plus on a de responsabilités. Plus on est gros, plus on est exposé.

Elles n’agiront pas pour des raisons morales ou par générosité, puisque la morale ne fait partie de l’univers de l’entreprise. Mais bien par égoïsme naturel. Car une entreprise ne peut pas croître et se développer économiquement dans des environnements (au sens large : marchés, populations, infrastructures, ressources énergétiques et naturelles,…) qui seraient dégradés. Il est de l’intérêt même de l’entreprise de se préoccuper du milieu dans lequel elle opère et de s’assurer que la façon dont elle conduit ses affaires, non seulement ne cause pas de préjudices plus ou moins indirects à ses parties prenantes (c’est l’approche défensive du développement durable, basée sur les risques et sur la réputation), mais surtout, contribue au progrès économique et social. L’intérêt privé peut-il rester longtemps antagoniste avec l’intérêt général ?

Certes, les efforts de chaque entreprise pour contribuer à préserver et enrichir le bien collectif buttent sur des obstacles sérieux, tant le retour sur investissement et la rentabilité intrinsèque de ces efforts sont difficiles à évaluer. Se posent essentiellement deux problèmes de périmétrie, l’un dans le temps, l’autre dans l’espace.
Périmétrie dans le temps. Les actionnaires et les marchés, à la recherche d’une rentabilité à court terme, comprennent difficilement la pertinence de ces actions car les impacts sont à long terme et les business models des analystes financiers fonctionnent mal sur des horizons qui dépassent 18 mois. L’entreprise est confrontée à un problème de compatibilité de longueur d’ondes : ceux qui la jugent et font évoluer son cours de bourse travaillent sur ondes courtes, alors que les actions visant à semer pour récolter les fruits des saisons futures s’inscrivent dans le registre des ondes longues, incompatibles et aujourd’hui inaudibles.
Comme il serait totalement utopique d’imaginer pouvoir changer les règles du jeu des marchés financiers (rappelons qu’un grand spécialiste les qualifiait de moutonniers, exubérants et irrationnels…), malgré les efforts louables des timides approches de l’Investissement Socialement Responsable, les entreprises qui se voudront durables vont devoir déployer des trésors d’imagination et d’innovation pour jouer intelligemment ce double jeu. Ces investissements pour le futur et le bien collectif devront être astucieusement construits : montages financiers innovants, partenariats public-privé, création de structures ad hoc pour sortir certains de ces actifs et les transformer en redevances, recours à la location plutôt qu’à la propriété, etc…
Même s’il n’est pas facile d’échanger une espérance de surcroît de rentabilité à long terme contre une certitude de moindre rentabilité à court terme, beaucoup de facteurs poussent à la gestion dans la durée (à cet égard, on ne dira jamais assez l’importance du choix du taux d’actualisation, qui détermine la valeur qu’un investisseur attache au futur).
Les investissements dans l’industrie sont de plus en plus lourds et nécessitent des durées d’amortissement qui dépassent souvent la vie active des décideurs. Les provisions pour les passifs sociaux et environnementaux peuvent atteindre des dizaines voire des centaines d’années. Le coût social des retraites actuelles et futures est devenu une préoccupation majeure. Les démographes et les prospectivistes commencent à travailler avec les stratèges d’entreprises.
Prenons aussi l’exemple des programmes de formation du personnel : existe-t-il encore des analystes assez obtus pour les considérer comme une dépense qui vient plomber les comptes de l’exercice, alors qu’il s’agit d’un investissement indispensable au développement des compétences des collaborateurs et donc une condition de leur performances futures.
Idem pour les investissements en R&D, que le marché sait désormais correctement valoriser, non pas en fonction de leur niveau absolu, mais selon la pertinence de leurs points d’application et la qualité des processus d’innovation dans l’entreprise.

Le problème de périmétrie dans l’espace (contribution au bien collectif) est aussi délicat. Le pari du développement durable est que l’on peut générer un surcroît de valeur à long terme par la recherche permanente du point d’équilibre qui optimise la satisfaction des exigences - souvent contradictoires - de chacune des parties prenantes de l’entreprises, par la convergence de leurs intérêts, par la redistribution équitable de la valeur créée, en respectant les principes de bonne gouvernance. Mais comment justifier ce qui pourrait être perçu comme un détournement de valeur vers des parties prenantes non contractuelles de l’entreprise, c’est-à-dire qui ne sont ni ses actionnaires (qui demandent la maximisation des dividendes), ni ses collaborateurs (qui demandent la maximisation des contributions socio-économiques), ni ses clients (qui demandent la minimisation de ses prix de vente), ni ses fournisseurs (qui demandent la maximisation de ses prix d’achats), mais la société civile, les riverains, les collectivités, les ressources naturelles, le climat, l’air, la biodiversité, etc… ?
D’autant que ce type d’actions risque de bénéficier aussi aux concurrents.
N’exagérons pas cependant l’individualisme des entreprises. Depuis longtemps, à travers l’accroissement de la proportion de salariés qualifiés due à leurs programmes de formation continue, la réalisation d’infrastructures technologiques susceptibles d’attirer de futurs investissements, la mise en réseau avec leurs fournisseurs, l’implication dans les groupements interprofessionnels, les partenariats public-privé, etc…. les entreprises fournissent des services à la collectivité et apportent à leur pays des avantages compétitifs (sans pour autant tomber dans le piège du patriotisme économique…).
De même que le capitalisme pose parfois le problème de la contradiction entre l’actionnaire (s’il s’agit d’un futur retraité titulaire d’un fonds de pension) et le salarié (lorsqu’il est licencié pour cause de cours de bourse), le développement durable demande la réconciliation de l’actionnaire avec le citoyen. C’est à l’entreprise de convaincre ses propriétaires, dont elle recherche en principe la fidélité, que les investissements en question jouent en faveur de sa pérennité et de sa rentabilité à long terme. A l’aune des enjeux du développement durable, l’expression « investir en bon père de famille » est-elle toujours aussi ringarde ? Encore une fois, même si c’est aux Etats que revient la tâche de débloquer les situations d’œuf et de poule (je veux bien y aller, dit chaque acteur, mais seulement si les autres y vont), l’entreprise ne peut se contenter d’attendre les règlementations. L’expérience montre qu’anticiper les contraintes, plutôt que de jouer la politique de l’autruche, fait gagner de l’argent. Ce qu’on appelle le first mover advantage se réalise dans bien des cas. Les entreprises intelligentes savent comment transformer les contraintes en opportunités et faire du développement durable un facteur de différenciation.

Le développement durable, c’est plus de chiffre d’affaires. D’abord, par une politique qualité véritablement orientée client et basée sur la transparence, l’écoute, le dialogue, le respect, la responsabilité, l’esprit de service, la recherche de solutions personnalisées gagnantes-gagnantes. Sans confiance dans la durée, pas de fidélisation, pas de commerce. Ensuite, par le développement de produits et services innovants qui maîtrisent leurs externalités. Le potentiel des nouvelles éco-technologies est considérable et les enquêtes montrent que l’appétit des consommateurs pour des produits durables est croissant. Et quoi de plus motivant que de contribuer au progrès social par le développement économique des populations défavorisées et conquérir ainsi de nouveaux marchés. 80 % de la population mondiale n’a pas accès aux services financiers : quel beau challenge pour les banques et quel avenir pour la microfinance !
Le développement durable, c’est favoriser l’esprit entrepreneurial, l’innovation et le dynamisme des équipes par une politique sociale proactive qui encourage la diversité et le développement personnel. C’est augmenter l’attractivité de l’employeur. A contributions socio-économiques comparables, les étudiants et jeunes salariés commencent à privilégier les entreprises qui donnent du sens au travail, n’en déplaisent à ceux qui croient encore que l’argent n’a pas d’odeur.

Le développement durable, c’est aussi moins de frais généraux non stratégiques. Diminution des coûts et réductions des impacts environnementaux vont dans le même sens, qu’il s’agisse des consommations d’énergie, de papier, de consommables, de déplacements professionnels, de gestion économe des bâtiments et infrastructures techniques. Dans ce domaine, les petits ruisseaux font les grandes rivières.

Le développement durable, démarche assurantielle, c’est enfin limiter ses risques opérationnels et financiers, par le strict respect des règles déontologiques et d’éthique des affaires, afin d’éviter pénalités anti-pollution, class actions, procès, pertes de chiffre d’affaires due à l’image, …

On le voit, rien de tout cela n’a trait à la morale et il ne s’agit pas de philanthropie. Même si, après tout, un mécénat solidaire ou environnemental bien ciblé peut aussi contribuer à l’intérêt de l’entreprise : le budget astronomique dont est dotée la Fondation Bill Gates n’a-t-il pour motivation que l’image ?
En résumé, les entreprises ont trois bonnes raisons de s'engager davantage : parce qu'elles peuvent changer les choses, parce que la société le leur demande, parce que c'est leur intérêt bien compris. L’entreprise est plus qu’une société de capitaux, ce n’est pas seulement un maillon du système économique mais bien un composant essentiel de la société humaine moderne. Les dirigeants éclairés ont compris que le développement durable est une machine à créer de la valeur. Et si l’appellation déplaît encore à quelques uns qui y voient je ne sais quelle connotation idéologique anti-libérale, changeons-la. Qu’importe le flacon. Je propose le mot responsabilité.