Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?

Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?
Aux Editions de l'Aube

8 octobre 2011

Le marketing plus fort que la RSE.

Big father ou le culte de la personnalité d’un marchand.


Devant le chœur unanime des groupies, il faut s’interroger. Pourquoi un tel délire collectif pour le milliardaire qui n’a inventé ni la pénicilline, ni la radiographie ? Et pas même - dans son domaine - l’internet, ni le PC, ni le téléphone cellulaire, ni les moteurs de recherche, ni les réseaux sociaux, ni le e-commerce, ni la tablette numérique…
Oubliées les conditions de travail insoutenables des sous-traitants chinois ? Oubliée la façon pour le moins expéditive de traiter ses propres employés ? Oublié l’impact environnemental catastrophique de la fabrication des jolis gadgets ? Oubliée l’obsolescence organisée des produits via un processus diabolique de montée en gamme ? Oubliés les prix prohibitifs dont les montants se terminent inexorablement par 99, insulte à l’intelligence des acheteurs ? Oublié l’enfermement dans un univers propriétaire, contraire parfait de l’internet ouvert (logiciels libres, opensource, gratuité) ? Oublié le risque de big brother ? Oubliées les fonctionnalités inutiles ou infantilisantes ?
Le marketing des multinationales est plus fort que la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Celui qui est capable de transformer une insignifiante mise à jour de version de logiciel en un évènement planétaire, « rend indispensable ce dont nous n’avons pas besoin ». Le mythe de l’entrepreneur génial se construit par l’art de flatter en même temps notre instinct grégaire (tous le même gadget à l’oreille) et notre snobisme (j’ai choisi la couleur), notre goût pour le masochisme (money-slave) ou la captivité, notre fétichisme puisque nous préférons le culte des objets à l’amour des idées, notre soif de gourous et de prêches à l’américaine aux sermons moralisateurs.
C’est que Steve Jobs a su nous ramener en enfance, par ses deux seules armes : l’interface tactile et le monde de l’image. Tels des enfants, nous touchons avec le doigt et nous regardons. Nous privilégions la forme des jouets (imposture intellectuelle du design) au fond et à la finalité. Et tels des enfants, nous pleurons aujourd’hui notre père disparu. Quand allons-nous grandir ?

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