Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?

Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?
Aux Editions de l'Aube

8 novembre 2012

Ce n'est pas la croissance qui crée l'emploi, c'est l'emploi qui fait la croissance.

On peut régulièrement lire sous la plume des économistes orthodoxes (c’est-à-dire achetés par les banquiers) et celle des pseudo-journalistes économiques qui sévissent dans les médias, prêcheurs du mythe néolibéral, que « c’est la croissance qui crée des emplois ». Quelquefois même, certains d’entre eux se hasardent à donner des chiffres et des seuils (plancher de 1 % de croissance pour maintenir ou créer de l’emploi, par exemple). Fadaises. Ils raisonnent à l’envers, tant par incompétence que par idéologie.


La croissance n’est pas une cause, c’est un résultat, une conséquence de la somme des actions de l’ensemble des agents économiques. On la mesure a posteriori, quand les chiffres de la production annuelle des valeurs ajoutées sont connus et fiabilisés, souvent des trimestres, voire des semestres après régularisation des statistiques. Si la croissance ne se décrète évidemment pas, elle ne se pilote pas non plus, tant les causalités et facteurs amont sont nombreux et leurs interactions complexes. On ne peut que l’observer, la contempler, une fois que le temps est passé. Tout en ne sachant d’ailleurs pas ce qu’elle mesure. Les limites du sacro-saint PIB sont bien connues : le travail au noir, le travail gris, celui des bénévoles et des familles lui échappent. Chaque fois qu’un accident de voiture, une catastrophe ou une maladie se produit, le PIB augmente. La notion de répartition de la richesse, pourtant centrale, lui est étrangère. Et les pseudo-commentateurs oublient systématiquement de le rapporter à la démographie du pays. Le PIB est un indicateur pernicieux et vicieux, qui conduit ceux qui le suivent aveuglement dans des directions contraires à l’intérêt général.

Les taux de chômage et d’emploi, par contre, doivent être les indicateurs prioritaires de tout gouvernant digne de ce nom. Le chômage de masse est le cancer que le capitalisme financier triomphant nous a inoculé. Il est la seule maladie à générer quatre effets économiques négatifs, dont le cumul s’auto-entretient catastrophiquement. Un, en diminuant le volume des biens fabriqués et des services réalisés, il réduit, par construction, la création de richesses. Deux, il sape l’assiette des cotisations sociales et des impôts sur les revenus du travail, avec un effet dévastateur sur les services publics et la solidarité sociale. Trois, il impacte la consommation, non seulement celle des chômeurs eux-mêmes, bien sûr, mais également celle de l’ensemble des salariés, qui ont tous un proche ou une connaissance au chômage et craignent pour leur propre sort et leur avenir. Quatre, il augmente le besoin de solidarité (allocations chômage, RSA, minima sociaux,..) et contribue ainsi au creusement des déficits publics.

Tous les efforts doivent être concentrés sur ce mal létal. Ce n’est malheureusement pas ce qu’on peut lire en ce moment dans les rapports des bureaucrates, prompts à faire de généreux cadeaux fiscaux aux patrons, qui iront directement enrichir les actionnaires. Les armes sont pourtant bien connues depuis longtemps. D’abord une éducation nationale et une formation continue à rénover de fond en comble, le chômage frappant surtout les personnes non qualifiées. Ensuite, une véritable politique de partage du temps de travail. Au lieu de répéter bêtement les contre-vérités de la droite sur les 35 heures, les économistes feraient mieux de se demander comment passer concrètement à une semaine de 4 jours et promouvoir le temps partiel choisi. Troisièmement, on attend toujours une véritable politique industrielle, appuyée par le lancement de grands travaux d’infrastructures, pour booster les secteurs où la demande solvable existe et capable d’anticiper les besoins de demain, en priorisant les domaines à forte valeur ajoutée (santé, énergie, technologies vertes), la sacro-sainte innovation (dont tout le monde parle depuis 20 ans, mais savoir ce que c’est ni comment faire), mais également les métiers non délocalisables (services de proximité). Enfin, il faut mettre en place sans tarder l’indispensable protection aux frontières de notre tissu industriel contre la concurrence déloyale des pays sans protection sociale ni règlementation du travail ou environnementale.

A qui pourrait-on demander un rapport sur la lutte contre le chômage ?

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