Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?

Responsabilité d'entreprise et éthique sont-elles solubles dans la mondialisation ?
Aux Editions de l'Aube

2 novembre 2012

Qu'est-ce qu'une bonne gestion des finances publiques ?

Le débat actuel sur les déficits, les dépenses publiques et les impôts est un cocktail affligeant de médiocrité et d’idéologie de mauvaise foi. Les choses doivent être reprises dans l’ordre. Il convient d’abord de commencer par les dépenses publiques. Quel niveau de services publics et d’assurances sociales voulons-nous, nous le peuple ? Secteur par secteur, priorisons nos besoins et le degré de couverture souhaitable, en fonction de la situation démographique (quelle est l’importance de la question de la dépendance ?), sanitaire (où nous conduit l’explosion des maladies environnementales ?), sociale (la lutte contre le chômage de masse est-elle bien la première priorité ?), économique (comment stopper le creusement abyssal des inégalités ?), de notre pays. Quelle qualité d’éducation nationale voulons-nous ? Au-delà de 35 élèves par classe quelle est l’efficacité de l’enseignement ? Peut-on raisonnablement payer un instituteur juste au dessus du SMIC ? De combien d’infirmières a-t-on besoin dans un hôpital ? Quel doit être le meilleur taux de remboursement des médicaments et des actes médicaux ? Un RSA à 494,17 euros est-il suffisant pour vivre dignement ? Forcer les vieux à basculer dans le chômage non indemnisé en attendant une retraite réduite parce que les entreprises ne les embauchent pas, est-il un système intelligent ? Y a-t-il assez de policiers dans certaines banlieues ? A-t-on vraiment besoin de plus de 40 milliards d’euros de dépenses militaires annuelles ? Etc. Bref, un vrai débat de société au cours duquel c’est le peuple qui s’exprime le plus directement possible (ce qu’aurait du être, mais n’a malheureusement pas été, la dernière campagne présidentielle), doit conduire à la priorisation des besoins et des niveaux différenciés de qualité des services publics, avec au final un montant global de dépenses publiques consenti.

Dans un deuxième temps seulement, on regarde les recettes. Il s’agit ici de l’impôt. Toutes les dépenses de fonctionnement de l’Etat doivent être financées exclusivement par l’impôt. Son montant global n’est donc plus discutable, le budget étant ainsi équilibré par construction. Reste maintenant à décider qui va payer. C’est ici le principe et l’outil majeur de la redistribution. L’impôt est le socle incontournable de la solidarité nationale. Sans impôt, plus de services publics, plus d’assistance envers les moins chanceux et les plus démunis. Sans impôt, plus d’Etat, juste la loi de la jungle. Un conseil en passant aux ultralibéraux (pigeons, patrons de transnationales, apparatchiks du MEDEF ou banquiers multimillionnaires) qui militent pour ce nirvana de la loi du plus fort : munissez vous alors de milices privées car vous aurez alors à défendre votre peau face à la révolution.
Par définition, les riches doivent payer plus que les pauvres, non seulement bien sûr en termes absolus mais en termes relatifs : l’impôt doit être fortement progressif (l’impôt sur le revenu est aujourd’hui régressif pour les plus riches). Le fameux 75 % de taux marginal, qui a fait pousser tant de cris d’orfraies à la classe possédante, se résume en fait à un taux moyen de 18 % pour ces ultra-riches. Reste enfin à trouver les meilleures assiettes de collecte (revenus du travail, du capital, patrimoines, bénéfices des entreprises, consommation, héritages, pollutions écologiques,…) et les meilleurs taux incitatifs. Le grand travail de simplification et d’harmonisation qu’appelaient de leurs vœux des économistes comme Thomas Piketty n’a pas eu lieu et n’est pas programmé. L’impôt est totalement illisible, il comporte des centaines de niches fiscales et de dérogations pour les privilégiés (manque à gagner supérieur à 2 fois le budget de l’éducation nationale, avec 80 % des revenus du capital qui échappent à l’impôt), à un point tel qu’il est devenu impossible d’en appréhender l’efficacité et la justesse. Résultat : dès qu’on envisage une nouvelle taxe, on se heurte à des vociférations médiatisées d’une corporation qui nous fait le coup du chantage à l’emploi (propriétaires de start-up, grands patrons, buveurs de bière, fumeurs, automobilistes, restaurateurs, médecins libéraux,…). Et on se demande pourquoi la France, 5ème pays le plus riche du monde et qui abrite le plus de millionnaires et de milliardaires, n’arrive pas à redistribuer sa richesse.
Enfin, l’évasion fiscale doit être sévèrement réprimée. Comme le font les Etats-Unis, les revenus doivent être taxés quel que soit le lieu de résidence du contribuable, sur le territoire de la République ou à l’étranger. Ceux qui souhaiteraient alors quitter la douce France qui a payé leurs grandes écoles et leurs privilèges, devraient abandonner la nationalité française et payer une taxe d’expatriation.

Dernier volet, les investissements publics. L’Etat est en charge de l’avenir de la nation. Il doit renouveler et construire les écoles, les universités, les hôpitaux, les routes, les infrastructures. Pour ce faire, il ne peut - comme tous les autres agents - qu’emprunter. Mais surtout pas aux banquiers privés ! Ces prédateurs cotés en bourse, qui exigent des taux d’intérêts astronomiques, ont réussi à s’octroyer l’exorbitant privilège de la création monétaire en 1973 (Loi Rothschild de Pompidou et Giscard), consolidé depuis par les iniques traités européens. Ils ont ainsi fabriqué de toutes pièces les déficits des Etats et les ont creusés encore lorsqu’ils les ont obligés à les sauver quand leurs opérations frauduleuses sur les marchés des subprimes et autres produits toxiques les ont conduit au chantage à la faillite. Il ne leur restait plus qu’à spéculer sur les déficits publics eux-mêmes et le cercle vicieux était bouclé. Pour nous sauver, il nous faut impérativement revenir à l’époque où l’Etat demandait à la banque centrale de la République des avances sans intérêt. Quand le peuple souverain se prête à lui-même, il n’y a plus de problème de confiance donc de risque.

On le voit, la question du budget de l’Etat, au lieu d’être exposée par les médias via le petit bout de la lorgnette, pose en fait la question centrale du retour à la démocratie.

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